mercredi 11 décembre 2013

Mon fils

Le 21 octobre, mon fils est né. 

J'avais fait le récit de l'accouchement, et puis je me suis emballée. J'ai mis tout plein de détails et bien développé. Et puis finalement je me suis dit que j'étais un peu à côté de la plaque. Alors, version brève: 

A 38 sa on a évalué le poids de mon bébé à 3.9 kg (plus ou moins 10%). Il a été décidé de provoquer l'accouchement parce que vu mon gabarit il semblait peu probable que je puisse accoucher par voie basse, deux semaines plus tard, d'un bébé de quasi 5 kg. En une échographie, mon bébé était passé de "bébé" à "macrosome" (quelle poésie, ces médecins) et il fallait qu'il sorte. La provocation n'a pas marché, il n'est jamais descendu, trop gros (moi trop petite), mal orienté... 37 heures de salle d'accouchement plus tard, on est parti sur une césarienne. 

J'ai un peu pleuré quand on m'a parlé de césarienne: j'étais fatiguée et je craignais pour les prochaines grossesses. Et puis je disais que ce bébé, n'ayant pas pu le concevoir naturellement, j'aurais voulu le mettre au monde naturellement. Maintenant ces réflexions me semblent absurdes, mais sur le moment, avec le manque de sommeil, la douleur, le découragement... je me sentais une fois de plus incapable de faire les choses naturellement et ça me blessait. Maintenant, autant vous dire que je m'en fous royalement! 

Quand ils ont sorti le bébé, ils me l'ont montré quelques secondes par dessus le champ opératoire pour que je voie le sexe. J'ai rien vu. J'ai vu qu'il était "normal" (après toutes ces discussions des médecins qui parlaient de macrosome, je m'attendais presque à un bébé totalement difforme) et qu'il avait des cheveux. Ils l'ont repris de leur côté, ils m'ont ensuite parlé de lui en disant "votre petit garçon", j'ai dit "ah, c'est un garçon" et ils ont rit parce que je ne l'avais pas vu. Ensuite on l'a porté près de mon visage et j'ai pu lui faire des petits bisous. J'ai dit à mon mari "on a réussi". Il m'a dit qu'il m'aimait et puis il est parti avec le bébé ("surtout ne le laisse pas tout seul") et les sages-femmes pour les premiers soins et un peau à peau pendant qu'on me recousait. C'est un peu le désordre dans ma mémoire, je ne sais plus trop quand on me l'a montré, quand je l'ai entendu... des instants très nets mais sans aucune chronologie précise, peut-être que je me trompe en le racontant. 

Ensuite j'étais vraiment dans les choux à cause de l'anesthésie. C'est un peu le côté frustrant: dans les premières heures je n'avais pas la force physique pour le tenir, on le posait dans mes bras mais j'avais très peur qu'il ne glisse et que je ne puisse rien faire. Je m'endormais et me réveillais tout le temps. Je regardais ce bébé, son petit bonnet... jamais mon regard n'a été autant aimanté. 

Et voilà, ça fait un mois et 20 jours que je le couve du regard, que je le caresse, que je me lève pour vérifier qu'il respire encore... et si je pleure ce n'est plus de tristesse, c'est d'une émotion infiniment grande, d'un amour tellement total qu'il me chavire. C'est mon fils. 

lundi 14 octobre 2013

Suivie de près!

A la maternité

Vendredi 11, comme prévu, nous nous rendons à la maternité pour la consultation prénatale. Je croyais qu'on allait faire une écho, me dire le poids du bébé, sa taille, parler de l'accouchement... En fait pas d'écho. Quelle déception! Quant au poids du bébé on m'a juste dit qu'il grandissait bien. Sinon il est toujours bien placé et je vais vraisemblablement accoucher par voie basse.  
Tout allait bien. La sage-femme n'a même pas posé de questions débiles ou blessantes sur la FIVDO, je lui en suis super reconnaissante. Ca c'est un petit peu gâté quand elle a pris ma tension... trop haute. Du coup, on m'a prescrit le passage d'une sage-femme à domicile deux fois par semaine jusqu'à l'accouchement, pour des analyses d'urine, la mesure de la tension, l'écoute des battements de coeur du bébé. La doctoresse m'a rappelé les signes d'une pré-éclampsie et m'a dit de ne pas hésiter à venir à la maternité au moindre signe inquiétant. Ensuite on m'a vaccinée contre la coqueluche et la grippe et on m'a fixé rendez-vous le 30 octobre (nouvelle date du terme selon leurs calculs). 

Avec la sage-femme

Le vendredi soir la sage-femme m'appelle pour convenir du premier rendez-vous. Elle en profite pour m'énumérer les signes de la pré-éclampsie et me dit bien de me rendre immédiatement à la mat au moindre souci. Là, j'avoue, je commence quand même à m'inquiéter un peu. 

J'ai donc passé le week-end à l'affût des moindres signes et des moindres mouvements du bébé. Samedi il/elle a d'ailleurs très peu bougé, comme pour en rajouter! Heureusement dimanche c'était un vrai cours de zumba dans mon dedans et j'ai été bien rassurée pour la nuit. 

Aujourd'hui la sage-femme est donc venue pour notre premier rendez-vous. Son bilan: des traces d'albumine dans les urines, une tension normale (OUF!) deux fois sur trois, un tour de taille de 106 cm (au secours!), une auteur utérine de 36 cm, des battements de coeur de bébé de 136, et une bonne mobilité de bb. Quand elle a eu tous ces chiffres, elle m'a rappelé les signes de la pré-éclampsie, et ma dit, encore, de me rendre à la maternité au moindre de ces signes ou si le bébé venait à bouger moins. Elle se voulait rassurante, mais quand même, à force de me reparler de pré-éclampsie, ils vont vraiment m'inquiéter. 

Encore la maternité 

Pendant la visite de la sage-femme, la maternité m'appelle. Ce n'est pas une secrétaire mais un médecin qui me dit qu'ils ont avancé le rendez-vous du 30 au 18. Ils feront ce jour-là une écho (ah, quand même!), une prise de sang, une mesure de la tension et d'autres examens. J'ai bien cru qu'elle allait me rappeler les signes de la pré-éclampsie et me dire de... Mais non. Pas cette fois.

Conclusion

Je suis super attentive au moindre mouvement de bébé et c'est un peu perturbant. Je croyais qu'à la 37e semaine passée je pourrais me détendre puisque bébé était tout fini et qu'il pouvait naître sans problème. Mais non! Je vais avoir encore un peu de peine à y croire, douter... j'ai quand même un peu les jetons, je vous avoue, d'être arrivée jusque là et que tout s'effondre. 

Point positif: le papa semble réaliser un peu mieux. Et j'ai même appris qu'il aurait deux semaines de congé paternité + une semaine de vacances après la naissance. Du coup, trois semaines pour faire connaissance tous les trois... le top! Ca me rassure de penser que je ne serai pas seule les premiers temps, mais surtout ça me rassure parce que ça veut dire qu'il y pense quand même, qu'il se projette dans cette nouvelle vie, malgré les signes pas très sympa de ces derniers temps. 

J'espère que bébé continuera à bien se dandiner et venir prochainement avec de bonnes nouvelles... 

mercredi 9 octobre 2013

Le dernier mois

C'est mon neuvième mois... à la fin de cette semaine, si le bébé naît, il ne sera même pas considéré prématuré. C'est tout proche... alors, un petit point? 

Je suis énorme. En fait, j'ai pris 9 kilos ce qui n'est pas tant que ça, mais comme j'en avais pris 7 entre l'annonce de ma stérilité et la grossesse, ça fait quand même pas mal pour mes articulations. J'ai pris tout sur le ventre, donc maintenant même en Suisse on me laisse parfois une place assise dans le bus (en Italie, à 5 mois de grossesse, tous les passagers se lèvent... le retour fut dur!) et mon mari me demande comment je fais pour ne pas basculer en avant. 


Le bébé va peut-être être  énorme lui aussi, aux dernières nouvelles il pesait 2kg850, càd le poids minimum qui avait été évalué pour sa naissance. On va certainement dépasser les 3kg mais je ne sais évidemment pas de combien. 
Il bouge encore beaucoup. On m'avait dit qu'à la fin il se sentirait il peut à l'étroit, mais apparemment ça ne le gène pas du tout: s'il manque de place, il pousse joyeusement tout ce qui se trouve sur son chemin pour se mettre tranquillement à l'aise. Je veux pas vous saouler, mais je kiffe à mort. Pour moi, il pourrait bouger toute la journée, j'adore. C'est un petit peu fatigant mais c'est un message de vie tellement évident et rassurant... c'est ma drogue. 
Par contre je ne lui parle pas beaucoup. Ca ne me vient pas, je reste donc dans la case "mère indigne" pour certaines personnes bien intentionnées qui me posent la question, mais je m'en fous, je lui fais des petits câlins et je lui raconterai plein de trucs quand on se verra (j'ai 5 mois de congé maternité en tête à tête, ça en fait des moments pour la discussion). 


Mon mari n'est pas super cool. On aurait pu croire que, spécialement avec notre parcours, il serait aux anges et aux petits soins. En fait il profite allègrement de ses dernières semaines de non-paternité et se noie à la fois dans le travail et sa vie sociale. Il y a un évident décalage entre lui qui n'est pas encore père et moi qui suis finalement déjà maman. En temps normal quand il sort de son côté, j'en profite pour sortir du mien, mais "dans mon état" (selon l'expression consacrée) c'est un peu délicat. Je suis quand même un petit peu fatiguée et puis sortir sans boire d'alcool, sans manger de sel, sans trop marcher, sans conduire (mon ventre touche le volant, j'ose plus)... est tout de suite moins tentant. Donc je me sens un petit peu toute seule, alors qu'en temps normal je suis plutôt indépendante. J'espère qu'après la naissance il sera plus présent, et moi moins émotive.

La FIVDO n'est pas au centre de mes pensées mais occupe sa petite place. Je pense que la grossesse est un petit peu différente quand même: 

  • je suis juste ultra reconnaissante et ne me plains pas des quelques désagréments de la grossesse (j'en ai pas eu beaucoup, mais quand même, je crois que notre parcours explique un peu ma béatitude) 
  • je suis très intéressée par la tête du bébé, alors que je me fiche de savoir si c'est un garçon ou une fille, j'ai envie de voir sa tête, d'être rassurée complètement: de le/la regarder, de le/la reconnaître comme mien/ne et même de le/la trouver beau. Je pense aussi bien sûr que je serai plus focalisée sur les commentaires des proches que les autres mamans (-c'est tout son père, - tu crois pas si bien dire; -il a ton nez, - ouais, enfin, comment te dire...). 
  • j'espère vraiment allaiter. Si ça ne marchait pas, je risquerais de le prendre mal, comme un refus, comme un signe de non-reconnaissance de la part du petit...
  • je sais qu'il arrive que parfois le lien entre la maman et le bébé ne se fasse pas ou pas immédiatement. L'une de mes amies proches m'a raconté combien au tout début elle trouvait sa fille moche, combien elle se sentait incompétente comme maman et combien son mari lui semblait bien plus à l'aise et à sa place qu'elle. Si ces sentiments m'assaillent, ils prendront une couleur particulière du fait de la FIVDO et j'espère parvenir à faire la part des choses. 
  • je n'appréhende pas trop l'accouchement, je sais que ce sera dur et tout et tout, mais il y a une partie de moi qui persiste à croire que le pire est déjà passé. Pour moi, le pire, c'est ces moments où je me revois dans le couloir chez le médecin qui m'a annoncé ma ménopause: je m'entends appeler mon mari et lui dire que c'est fini et qu'il faut changer de femme. Je me vois contempler la fenêtre et me demander si c'est assez haut pour que je meure si je saute. Et puis je n'ai pas fait de plan de comment ça doit se passer exactement. J'ai des amies qui ont des attentes bien précises (péridurale ou pas, lumière tamisée ou pas, couchée sur le côté ou pas...) mais je veux seulement voir venir, et prendre les décisions les meilleures pour le petit, pour sa santé et son bien-être. Je vais simplifier: s'il est bien vivant à l'arrivée, si je suis suffisamment en forme pour le tenir dans mes bras et si le papa pleure d'émotion, c'est que l'accouchement aura été celui dont je rêve. 
Dans deux jours nous avons rendez-vous pour la consultation prénatale à la maternité. On transmet le dossier préparé par le gynéco (l'enveloppe est en ma possession, mais fermée, j'ai trop envie de l'ouvrir pour savoir ce qu'il dit de nous!), on fait une écho, on précise la position du bébé (donc décision quasi définitive question césarienne)... et d'autres choses que j'ignore. Je vous raconterai. 

dimanche 1 septembre 2013

Upside down

Encore un rendez-vous gynéco. Quoi de neuf? 
  • bébé s'est retourné et donc la césarienne n'est plus à l'ordre du jour
  • il/elle pèse 1k848, ce qui veut dire que normalement il/elle devrait peser le double à la naissance (c'est énorme 3kg696 non? merci les gènes du papa, moi j'y suis pour rien, promis), et même si la croissance ralentit, il/elle devrait atteindre au moins 2kg848 à terme. Comme les derniers bébés nés dans mon entourage pesaient entre 2kg et 2kg600 j'ai un peu l'impression d'attendre un titan (après tout c'est un bébé aux hormones). 
  • je dois de mon côté arrêter ou du moins diminuer le sel, boire plus et retourner chez le gynéco dans 15 jours, à jeun

J'ai encore vu le bébé à l'échographie et à chaque fois je me plante: je m'attendris sur un adorable petit pied... ben non, c'est le cordon. Son petit bras... ben non c'est un fémur... En gros trois possibilités: 
  1. ce bébé est vraiment formé bizarrement 
  2. mon gynéco a une machine de merde historique qu'il a amenée tout spécialement dans ses bagages à son arrivée de Sarajevo il y a 40 ans
  3. je suis une mère indigne, déjà, qui s'obstinera certainement à enfiler le chausson gauche sur le pied droit de son enfant, quitte à plier quelques doigts de pied au passage
En tous les cas c'était trop chou cette écho, mais le mieux, la crème, ce qui me fait monter les larmes aux yeux... c'est le bruit de son coeur qui bat. Ca, ça vaut toutes les emmerdes du monde avant, toutes les piqûres et toutes les nuits blanches. C'est le bruit que fait le bonheur, quand il arrive. 


En parlant de mère indigne, je dois tout de même vous dire que ça commence tôt. Je croyais que j'étais immunisée après la FIV contre les remarques débiles... ben que dalle! 

D'abord, quand je lui annonce ma grossesse (ça date un peu comme discussion) alors qu'il sait que j'ai été suivie en PMA, mon directeur me fait un petit laïus très spécial: 
"Vous savez, les enfants non-désirés... c'est une difficulté pour eux, ce n'est pas l'idéal. Mais les enfants trop désirés... c'est pas bien non plus. Il faut en être consciente". Merci monsieur. C'est une remarque d'une pertinence folle. J'ai trop désiré mon bébé alors... ben qu'est-ce qu'on va faire maintenant que grâce à lui on le sait? L'ignorer quelques jours à la naissance? Histoire de lui faire comprendre qu'il nous a bien gonflés et que finalement il est peut-être plus aussi désiré que ça? Non mais je rêve. A mon humble avis, partir dans la vie avec comme handicap majeur celui d'avoir été trop désiré par ses parents... y'a pire. Je demanderai à mon père, enfant non désiré (mais alors pas du tout), ce qu'il en pense exactement. 

Ensuite, quand j'ai avoué à une collègue que je ne parlais pas à mon bébé (elle me disait de lui expliquer qu'il fallait se retourner, quand il était en siège)... elle a posé sur moi un regard de mépris et de dégoût tellement total... Si j'avais pu m'enterrer sous mon bureau je l'aurais fait. Ce bébé n'était pas né et déjà, je faisais tout faux. Aïe! Nous voilà mal barrés. Bon, finalement je lui ai dit de tourner, dans ses deux langues. Mais je crois que ce qui lui a fait peur, c'est que j'ai dit que s'il ne tournait pas... la langue de secours, celle qui le ferait obéir, ce serait le suisse-allemand. Là, apparemment, il a flippé, d'où un retournement de situation bienvenu. 

Voilà voilà. Il me reste moins de deux mois pour devenir une bonne maman: le genre qui fait des confitures, qui désire son bébé juste ce qu'il faut (faudra qu'on m'explique la bonne mesure) et qui lui parle. Ca doit pouvoir se faire... 

jeudi 15 août 2013

29 sa

Des semaines sans rien écrire. Il s'en passe des choses pourtant, mais je me demande toujours un peu si elles ont leur place sur le blog maintenant que le thème est différent. Je ne me vois pas tellement tenir un blog de maman, je préfère à tort ou à raison sélectionner les infos qui ont un lien avec le don ou au moins avec la fiv. 

En tous les cas oui, il s'en passe des choses et quand même, après des semaines de vacances je vais faire un petit point, histoire de vous tenir au courant et de réfléchir aussi à cette nouvelle situation. 


Le bébé 

Alors... je commence par le plus important: le bébé va bien. Nous ne voulons pas connaître le sexe et pour l'instant aucun médecin n'a encore gaffé. On croise les doigts pour que ça continue. A la question fréquente: "tu préfères un garçon ou une fille"... franchement après être passée par la case stérilité... c'est avec une totale sincérité que je peux répondre que cela m'est égal. La question elle-même me paraît plutôt grossière. Note pour plus tard: lister les interrogations débiles des gens sur: la stérilité, la ménopause précoce, la PMA, la maternité... généralement ce sont les mêmes personnes qui les posent et elles vous suivent tout au long du parcours de leurs interrogations naïves (quand elles ne sont pas blessantes). Donc à part la question du genre, restent les questions essentielles: il a d'après les échographies tout ce qu'il faut où il faut et il bouge très souvent (depuis la 18ème semaine) ce qui me rassure et me sauve de la plupart de mes angoisses. S'il pouvait d'ailleurs bouger encore un petit peu ce serait bien parce que là il est en siège. C'est pas un gros souci, c'est juste que je préfèrerais éviter la césarienne, mais bon, c'est comme avec le genre, l'important c'est qu'il/elle naisse, en bonne santé, je ne vais pas faire une fixation sur le genre d'accouchement que je souhaiterais, je suis déjà bien consciente d'avoir la chance immense d'envisager concrètement un accouchement dans les mois à venir. 


La grossesse 

J'avais un petit peu fait le deuil de la grossesse quand même, j'en rêvais mais je l'avais un petit peu désinvestie quand même je pense, avant que ça ne marche, pour me protéger, pour aller de l'avant. Ce que je voulais, c'était avant tout élever un enfant, fonder une famille... la grossesse n'était pas le point névralgique. Finalement je suis presque surprise d'aimer autant être enceinte et que cela se passe aussi bien: je n'ai pas vomi, j'ai bien dormi pendant 6 mois (oui, bon, c'est bel et bien fini là, et pour quelques années), pas de diabète à l'horizon, j'ai modérément grossi, j'ai pas d'envies obsessionnelles, je me trouve canon, j'ai une libido d'enfer... J'arrive quand même à parler d'autre chose que du bébé mais franchement: je ne pense qu'à ce petit être lové là au-dedans de moi et qui me rend vivante. 


La FIVDO 

Pour mon mari, mes proches, mes parents, la FIV est derrière. Ils ressentent sincèrement, je pense, cette grossesse comme tout à fait normale. Pour moi, je dois dire que les choses demeurent un tout petit peu plus compliquées quand même. Mon bonheur est immense, que l'on s'entende bien, et je ne reviendrais en aucun cas en arrière, mais je trouve pertinent ici d'être sincère sur les interrogations et les séquelles (le mot est peut-être un peu fort) qui subsistent. 

Concernant la FIV, je reste il me semble quand même un peu amère: quand j'apprends que telle ou telle amie/collègue/cousine est tombée enceinte en one shot ou à peine plus, je rapport à nous et à toutes celles qui galèrent et je n'arrive pas à faire sans une pensée amère/cynique/méchante. Je trouve toujours ça dégueulasse que certaines puissent faire des bébés au lit et que d'autres doivent aller à l'étranger, vider leur compte en banque, essuyer les réflexions débiles des gens/médecins, se creuser la tête sur des questions étiques, s'enfiler des gélules dans le vagin et des aiguilles dans le ventre et ailleurs. C'est une amertume dont j'aimerais bien, un jour, me débarrasser mais sincèrement je crois que c'est pas pour tout de suite. Peut-être à la naissance? 

Concernant la FIVDO, je sais bien que ç'a été la chance de ma vie. Mais évidemment j'aurais voulu faire à moins. Pas tant personnellement parce que finalement, ça ne change rien pour moi, j'aime cet enfant et je vais le prendre comme mien, j'en suis sûre, mais je reste préoccupée de ce que lui/elle, pensera de notre choix et de son identité tronquée. J'ai une inquiétude tout de même concernant ses questions à l'adolescence par exemple... j'aurais voulu une filiation habituelle pour ne pas vivre avec ces doutes. Je crains un petit peu le traditionnel jeu des ressemblances auquel vont se livrer tous ceux qui viendront voir notre bébé à la maternité... je ne sais pas ce que me feront les phrases: "c'est tout son père" ou même "oh, il a tes yeux"... alors que mon mari lui s'en fiche royalement et attend même cette étape avec impatience puisque selon lui elle me montrera que cette question de la ressemblance est totalement non pertinente. Il est convaincu que certains trouveront que le bébé me ressemble, et il n'a certainement pas tort. 

Je sens parfois un décalage entre le vécu de mon mari et le mien: si nous avons vécu la PMA ensemble, nous vivons maintenant les choses très différemment. Pour lui il n'en est plus jamais question (sauf quand il évoque nos futurs enfants, et donc nos futurs voyages en Espagne) alors que pour moi la question reste essentielle. Il me reste une blessure, des craintes dues à mon caryotype, à la ménopause précoce... 

A côté de ces interrogations, il y a tout ce que la FIVDO a de beau et qui me porte: ce résultat hyper rapide, cette grossesse qui se passe magnifiquement bien, la gratitude immense que j'éprouve pour l'équipe médicale en Espagne et pour la donneuse, cette femme qui vit quelque part, qui respire en même temps que moi, qui pense parfois à son don, qui a changé le cours de ma vie et que je ne rencontrerai jamais... j'imagine une espèce de connexion entre nous qui nous dépasse et que nous n'établirons jamais réellement mais qui est tellement essentielle à mon bonheur actuel... Parfois je pense à elle et à cette chance immense que j'ai eu que cette personne existe, ça me bouleverse. Ca m'émeut de penser à tous les gens qui ont rendu cet enfant possible. Je me dis aussi qu'il y a quelques années, je n'aurais jamais pu connaître ce que je vis maintenant et je me sens incroyablement chanceuse. Je pense au blog, à ce qu'il m'a apporté... à ces échanges qui nous permettent d'accéder à un peu de compréhension et à une solidarité que je ne soupçonnais pas. 

Bilan FIVDO à la 29e semaine: oui, je me pose des questions, j'ai été changée par la l'annonce de ma ménopause et par la PMA, je suis parfois une vraie salope qui ne peut pas se réjouir immédiatement de toutes les annonces de grossesse ("non, en C1 c'est juste pas correct")... Mais je suis aussi et surtout enceinte, contente, épanouie, en vie... J'espère que toutes celles qui hésitent pourront faire un choix qui leur conviendra, et j'espère que toutes celles qui ont pris leur décision s'approchent un jour après l'autre de leur rêve. C'est promis, je reviens avant la naissance: au prochain épisode vous devriez au moins savoir si bébé s'est retourné. 

mardi 23 avril 2013

Comment j'ai fini par y croire

Les filles, je suis devenue une vraie pregnant bitch: un mois sans message... genre comme si j'avais totalement oublié l'existence du blog et celle des copines. En fait pas du tout, je suis venue tous les jours, j'ai suivi vos posts positifs et ceux plus tristes, les bonnes nouvelles, les mauvaises, l'attente, l'espoir, les médics, les protocoles, les docteurs, les pauses, les échos... même enceinte tout cela reste bien sûr au centre de mes pensées. On ne passe pas directement de l'autre côté de la barrière qui nous sépare des fertiles. 

Pendant un mois je n'ai pas écrit et vous savez pourquoi? Je ne savais pas quoi dire. D'un côté les médecins m'avaient dit que j'étais enceinte, j'avais des seins d'actrice porno et rien d'inquiétant ne venait mettre ma grossesse en doute. D'un autre côté, j'allais trop bien: pas de fatigue excessive, plus mal au ventre, pas de nausées, pas d'envies folles niveau bouffe, pas de dégoûts, pas de maux de tête, pas de prise de poids... j'avais mal aux seins et le ventre un peu tendu mais je me disais que ça pouvait bien être l'utrogestan. Bref, je me disais que la grossesse avait arrêté d'évoluer. J'y croyais vraiment. J'avais presque fait une croix sur cette tentative-là et je me disais, en allant à l'écho du 1er trimestre, qu'il fallait que je sois forte, que ça marcherait une autre fois et qu'il faudrait surtout que je console mon chéri parce que lui, au contraire, semblait y croire avec une sincérité qui me désarmait. 

Alors on est allé à l'écho. Le médecin m'a fait m'installer et m'a demandé comme j'allais. Je lui ai dit "très bien, peut-être trop, c'en est presque inquiétant". Il m'a dit que certaines ne sentaient rien et il a très vite commencé son observation. Devant nous il y avait un grand écran, un peu comme en Espagne, et on pouvait voir sans se tordre le cou. En quelques secondes, on l'a vu. Quelques secondes plus tard, on l'a entendu. Son coeur. Et en quelques secondes j'ai réalisé que j'étais enceinte, pour de vrai. Que les minutes qui suivraient ne seraient finalement pas consacrées à l'organisation de mon curetage. J'ai fait le grand écart entre mes angoisses d'infertile et mes rêves de bébé, projetés en grand en face de moi. J'ai eu la preuve. C'est devenu réel et j'étais complètement sonnée. 

Le médecin a trouvé tout parfait. Comme on est en PMA, quand même, il a fallu qu'il fasse la gaffe rituelle: alors qu'on lui a dit que c'était un don d'ovocytes il me demande "la stimulation et la ponction se sont bien passées?" je lui dis que je n'ai pas été ponctionnée... Mais bon, je lui pardonne, c'est le mec qui m'a fait écouter le coeur de mon bébé quand même. Après l'écho il m'a dit: "vous voyez, c'est possible d'être enceinte sans nausées, mais quand les autres vous demandent, surtout ne leur dites pas, dites que vous avez au moins un peu de peine le matin et on vous fichera la paix!" C'est fou comme les médecins semblent plus sympas et plus bavards quand tout va bien. 

Ensuite je suis allée faire une prise de sang et puis on est parti faire des courses. Alors j'ai pu acheter mes premiers vêtements de grossesse: deux petites robes et deux collants. Les autres commençaient à me serrer un peu à la taille, et puis le lendemain: j'ai un ventre de femme enceinte qui est sorti, totalement décomplexé. Maintenant je le cache encore, parce que j'attends les résultats de la prise de sang pour faire mon coming out, mais je suis de moins en moins crédible... hier une collègue me demandait avec un énorme sourire si j'avais mal au ventre... 

A quatre jours de l'échographie, il est facile de faire la maligne. Il faut maintenant attendre jusqu'à mi-juin pour la prochaine écho, pour avoir une nouvelle preuve et peut-être que je vais me remettre à douter... on verra. Pour l'instant, j'attends avec impatience le moment de l'annoncer. Ce sera encore plus réel. 

Je pense fort à vous toutes qui vous battez tous les jours pour vivre ces moments-là et je vous les souhaite de tout coeur. J'espère que je ne suis pas juste une nouvelle salope enceinte qui pourrit votre journée mais plutôt la preuve que ça marche et que ça vaut la peine de s'accrocher. Je vous souhaite de monter dans le train et qu'il vous amène à destination. Des bises et du courage à toutes. 

dimanche 17 mars 2013

Trois consultations gynéco plus tard...

Gynéco 1: 

Suite à mon deuxième taux, j'ai vu mon gynéco pour débuter le suivi de grossesse. Il m'a demandé de venir à jeun pour me faire une prise de sang, voir s'il y avait des carences, si j'étais en bonne santé... Donc rien de spécial à dire. Il m'a félicitée et a fixé une première écho le 19 mars pour voir combien d'embryons avaient pris et où ils étaient nichés. 

Gynéco 2: 

Du vendredi au mardi, j'ai commencé à sentir des douleurs dans le bas ventre, qui allaient et venaient. Alors je me suis mise à bien me reposer et j'ai évité de porter des choses. Je me suis même acheté un chariot de mémé au supermarché pour faire rouler mes courses jusqu'à ma voiture plutôt que de les porter. J'ai lu dans le livre de tous mes fantasmes (celui que j'ai enfin pu m'acheter sans me dire que j'étais une psychopathe de la maternité: J'attends un enfant) qu'il était fréquent de ressentir ce genre de douleurs dues au fait que l'utérus doit s'agrandir, et aussi parfois à la constipation liée à la grossesse. Donc je me suis d'abord seulement modérément inquiétée. 

Mais le mercredi la douleur est devenue plus franche et surtout elle était localisée à gauche. A partir de ce moment-là, je ne me suis plus demandé quelle taille mesurait mon utérus, ni à quand remontait mon dernier passage aux toilettes. Non, à partir de ce moment-là, je me suis demandée si je faisais une fausse couche ou une grossesse extra-utérine. Qui a dit que j'étais une parano-hystéro-hypocondriaque? 

J'ai donc appelé mon gynéco et il m'a dit de: 
  • me reposer 
  • prendre des anti-douleurs
  • le rappeler deux jours plus tard
  • descendre à la maternité si je perdais du sang 

Je suis donc rentrée à la maison, je me suis couchée, et j'ai psychoté sur mon canapé jusqu'au moment où mon mari est rentré à la maison (j'avoue, il est rentré deux heures plus tôt parce que je l'ai harcelé par texto toute la journée). 

Quand mon mari est arrivé, je lui ai dit donc que la douleur ne baissait pas, et qu'elle était toujours plus nettement localisée à gauche. J'ai appelé les urgences et ils m'ont dit que je devais passer contrôler. On est donc parti. 

A la maternité j'ai finalement assez peu attendu. On m'a posé pas mal de questions... il faut dire que quand je leur ai dit que j'avais fait une FIV à l'étranger ils ont été assez intrigués. Et quand j'ai dû expliquer à la dame que j'avais été en Espagne parce que j'avais dû avoir recours à un don d'ovocytes j'ai eu droit à un moment d'anthologie: 

- Ah, vous êtes allée en Espagne parce que vous n'avez pas d'ovaires! 
- Non, parce que je suis en insuffisance ovarienne précoce... (comme elle ne comprend pas bien, je précise)... parce que je n'ai pas d'ovocytes. 
- Mais vous n'avez pas d'ovocytes parce qu'on vous a enlevé les ovaires. 
- Non, j'ai des ovaires mais ils ne produisent pas d'ovocytes, ou pas assez, ou pas d'assez bonne qualité pour une FIV avec mes propres ovules. Je suis ménopausée quoi. 
- Depuis combien de temps? 
- On ne le sais pas parce que je prenais la pilule alors j'avais mes règles normalement. 
- Ah... je comprends... excusez-moi mais je pose des questions parce que.... ce n'est pas banal. 
- Je sais, à moi aussi ça m'a fait bizarre, au début. (et maintenant la ménopausée pas banale te dit de fermer ta gueule et de l'ausculter parce qu'elle aimerait bien savoir pourquoi elle a mal au bide, ce même bide qui renferme un, deux, trois ou plus aucun bébé). 

Bref, quand la gentille dame a tout compris. Elle m'a demandé de me déshabiller pour une écho. Elle a cherché un long moment. Et après elle m'a posé la question qui tue: 

- Mais, d'habitude, vos ovaires, on les voit à l'échographie? 
- Ben... oui (et là je panique en me disant que mes ovaires ont disparu en chemin... les aurais-je oublié en Espagne? se sont-ils atrophiés comme de pitoyables petits raisins secs?) 
- Ah mais oui, j'en vois un! 
- (c'est déjà ça). 

Elle a tourné son machin dans tous les sens. En parlant à voix basse à l'étudiante qui assistait à tout ça... Elle me faisait un peu mal. Et puis elle m'a demandé si je voulais voir.

- Euh... oui... enfin, s'il y a quelque chose d'intéressant à voir. 
- Ben oui, regardez... là c'est l'embryon... et là c'est son coeur qui bat

Les larmes me sont montées aux yeux. Je me répétais... "surtout, ne t'emballe pas..." J'ai demandé à mon mari s'il voyait, oui, il voyait. Lui aussi j'ai senti qu'il avait les larmes aux yeux et une boule dans la gorge. Et qu'il se répétait quelque chose dans le genre "surtout, ne t'emballe pas". 

Conclusion: elle a vu l'embryon, son coeur... et aussi deux petites taches à côté qui pourraient être les traces des deux autres embryons qui auraient commencé à s'accrocher puis n'auraient pas tenu. Elle ne savait pas trop et voulait montrer les images à son chef. On a attendu le chef un bon moment (moi en blouse d'hôpital et pieds nus, à me geler) mais il n'a pas pu venir, il était en train de pratiquer une césarienne. Donc elle a vérifié mes analyses (a bien kiffé le BHCG à 58000) m'a donné une ordonnance pour des anti-douleurs plus forts et un arrêt de travail de six jours, et m'a recommandé une nouvelle écho deux jours plus tard. 

Gynéco 1bis:

Deux jours plus tard donc je suis allée faire la nouvelle écho. Le gynéco m'a fait le grand jeu: sur le ventre et endo-vaginale. Lui aussi, il a vu le "bout de chou" (je cite). Par contre il a quant à lui parfaitement écarté la grossesse extra-utérine (ouf). Mais il a aussi vu une tache à côté de la poche (pas deux, comme à la mat)... il ne s'est pas étendu sur la question des deux autres embryons. Il m'a dit en souriant que je pouvais aussi les faire l'un après l'autre, puis il a imprimé une photo du "bout de chou" qui mesure 10,1 mm. Mais il m'a quand même inquiétée parce qu'il: 
  • répétait sans cesse que "le meilleur médicament c'est le repos" (pourquoi un médicament? je suis malade? y'a un problème?) 
  • a confirmé l'arrêt de travail de six jours mais a aussi dit que si mercredi je ne me sentais pas encore prête je pouvais attendre avant de reprendre et qu'il me prolongerait l'arrêt
  • a fixé une nouvelle écho une semaine plus tard (pourquoi si tôt? y'a un problème sérieux?) 
  • m'a demandé 4 fois s'il n'y avait pas eu de saignements... (pourquoi? l'écho montrerait une raison de saigner?) 
  • m'a redit qu'en cas de saignements il fallait tout de suite descendre à la mat sans même prendre le temps de l'appeler avant. 
Je lui ai demandé si c'était fréquent qu'on ait mal au ventre en début de grossesse, il m'a dit que oui, mais qu'il fallait juste me reposer, "lire les mémoires de Napoléon en mille pages et attendre"... Il n'a pas du tout cherché à minimiser genre "c'est normal, les ligaments tirent..." ou "vous somatisez un petit peu"... alors je me demande s'il est juste à l'écoute et très gentil (il faut dire que je le connais bien, c'est un ami de la famille) ou s'il est sérieusement inquiet pour une grossesse qui s'annonce mal... (c'est quoi cette tache à côté de l'embryon?). 

Bref, aux inquiétudes de la FIV succèdent celles de la grossesse. J'ai peur que l'embryon ne tienne pas... sur les trois il n'y en a déjà plus qu'un alors... et il me faut maintenant attendre quatre jours pour la prochaine écho... Il y a un moment où tout cela va s'arrêter? où je vais pouvoir profiter? où je vais oser m'imaginer vraiment enceinte et vraiment maman? Apparemment c'est pas pour tout de suite...  

lundi 4 mars 2013

Je suis ménopausée mais je suis enceinte, il paraît

Bon, alors comme je sais que les fiveuses sont accro aux chiffres et sont de vraies spécialistes es BHCG, je vais commencer par là: 1886 (deux jours après la première prise de sang). En gros, j'espérais que le taux double, il a même un peu dépassé mes attentes. 

Ca, c'était trop bien! J'ai adoré recevoir le message du labo. J'ai adoré entendre le message laissé sur mon portable par l'assistante de mon médecin alors même qu'elle avait demandé à ce que je reçoive le résultat par texto puisqu'elle ne bossait pas à ce moment-là. J'ai adoré réaliser qu'elle aussi en avait eu marre de m'annoncer des résultats de merde à longueur de temps. J'ai adoré envoyer le taux à mon mari. 

Alors, oui, j'ai eu deux tests positifs et la clinique ne m'a pas demandé de faire une troisième prise de sang, j'imagine qu'ils me considèrent enceinte

De mon côté, j'ai mal aux seins (un truc de malade), la viande me dégoûte horriblement (depuis je dirais 10 jours après le transfert), j'ai soif (je bois des litres et ne fais pas deux pas sans ma gourde, du coup je passe ma vie aux toilettes) et le plus incroyable: les gens puent! Et même quand ils sentent "bon", ils puent le parfum. C'est ahurissant: prendre le bus me provoque des hauts le coeur qui, suivant qui s'assied à côté de moi, me pousseraient parfois presque à descendre. Mais bon, j'ai quand même des horaires à respecter et je ne suis pas certaine que les passagers du bus suivant sentiraient meilleur! 

Il y a quelques proches qui sont au courant. Ils me considèrent enceinte. Mais moi, pour vous dire la vérité, je me sens en équilibre sur un fil. J'ai fait un test, oui, et j'en ai fait un deuxième. Ils étaient positifs mais je ne me dis pas que je suis enceinte. Je me dis que j'ai fait deux tests positifs. C'est bien. C'est miraculeux. Ca me donne la chair de poule. 

Mais je ne peux pas traduire ça par "je suis enceinte". Je suis une fille qui a fait un test positif, mais je ne suis pas vraiment enceinte, mais non, pas moi, moi je suis stérile, je suis ménopausée... Quand je dis à mon mari que je ne mange pas de ci ou de ça, parce qu'on doit éviter "quand on est enceinte", j'ai l'impression de jouer à la dînette, je me revois gamine, mon doudou sous la chemise de nuit, me pavanant dans la cuisine de ma grand-mère, lui disant que j'attends un petit bébé. J'ai l'impression de jouer à la fille enceinte, j'aime bien le rôle, je l'endosserais volontiers dans la vraie vie. Mais pour quelques semaines (mois) encore c'est du domaine du rêve. 

En parlant avec une amie qui a eu un enfant, j'ai réalisé que ce sentiment n'était pas totalement un truc de fiveuse. Tout le monde se méfie au début, toutes les filles prennent des gants, restent circonspectes pour s'épargner une chute trop destructrice, si jamais. Mais je crois quand même que la force de ce sentiment, ce doute, cette façon de poser les pieds dans la maternité à la manière du chat, à pas tout légers... c'est un truc de fiveuse. Et même si ça marche, même si un jour je suis enceinte, pour de vrai, avec le ventre et tout et tout, ça va me rester, je crois. 

Malgré tout ça, je peux quand même dire qu'il y a une partie de moi qui s'est calmée. Dire que je suis apaisée serait excessif, totalement, mais je suis un tout petit peu moins dans la course, j'attends, je laisse venir. Je vois ce moment comme une pause dans notre parcours. Et si la pause pouvait durer... Aïe, j'ose pas! C'est juste hallucinant de ne pas avoir le portable toujours en main dans l'attente d'un appel de la clinique, de n'avoir qu'à attendre. Un truc de fou après une année et demie d'hystérie. J'attends le rendez-vous chez le gynéco avec une impatience mêlée d'angoisse. Il reste des tas de questions, j'ai peur que tout s'arrête demain. Et de l'autre côté de la balance une autre question, tellement plus positive: combien sont-ils? 

Bref... des sentiments contradictoires et un post qui part un peu dans tous les sens. Une fille groggy qui ne sait pas trop quoi penser, abasourdie par ses problèmes de riche... 

mardi 26 février 2013

688 raisons d'espérer

Je me suis levée relativement tôt pour aller faire ma prise de sang. J'avais, c'est étonnant, super bien dormi et n'ai pas traîné, après avoir avalé mon acide folique j'ai sauté dans la voiture et suis allée au labo. Je n'avais pas de monnaie pour le parcmètre et ai misé sur la chance... 

Je me suis annoncée et très vite après un infirmier est venu me chercher. Je me suis installée, il a vu que mon médecin avait demandé les résultats en urgence. Il m'a demandé, en précisant qu'il ne voulait pas être indiscret, si c'était désiré. J'ai dit que c'était plus que désiré, que c'était une FIV et que ça avait été plutôt compliqué, je n'ai pas dit que c'était un DO parce que ça ne se fait pas chez nous. Je ne voulais pas qu'il me regarde comme une bête curieuse.

Mais il était très gentil, il m'a dit: "Oh j'espère vraiment que ce sera positif, vous savez, j'ai une certaine expérience parce que ma soeur a aussi fait plusieurs FIV, mais maintenant, rassurez-vous, elle a un petit garçon". Il m'a parlé de l'attente, de la souffrance de sa soeur... ces choses qui font notre quotidien. J'ai décidé de prendre ça comme un bon présage. 

Il m'a proposé de prendre un café ou un chocolat au distributeur. J'ai pris un chocolat parce qu'il n'y avait pas de déca et je me disais... 

De retour à la voiture, j'avais une prune, mais je m'en fichais royalement. Je suis remontée dans ma voiture, ai allumé la radio et il y avait une émission sur les nausées liées à la grossesse. J'ai décidé de prendre ça comme un bon présage.

Ensuite j'ai fait ce que j'avais à faire, la tête ailleurs bien sûr, mais j'ai donné le change. 

En début d'après-midi je suis allée acheter une carte pour une collègue qui a accouché. J'ai été chargée du cadeau collectif... J'ai décidé de prendre ça comme un bon présage.

A 16h30 je n'avais pas de nouvelles. J'ai commencé à me dire que ça, c'était pas forcément un bon présage. Peut-être n'aurais-je pas le résultat dans la journée, peut-être le résultat était-il incertain et ils devaient recommencer l'analyse ou je ne sais quoi... J'ai appelé mon médecin. L'assistante m'a dit qu'elle allait voir avec le labo. Elle m'a rappelée un quart d'heure après et elle m'a dit que c'était positif.

J'imagine que les autres filles se contentent de ce mot-là. Mais les fiveuses demandent: "combien?" Et elle m'a donné le taux: 688! Qu'est-ce que vous en pensez?

J'ai appelé mon chéri, je crois qu'il allait pleurer. J'ai dit: "c'est positif", il a dit: "combien"? Il m'a avoué qu'il était sûr que ça n'avait pas marché. Je lui ai avoué que j'étais sûre que ça avait marché. Il ne me l'avait pas dit pour ne pas me démoraliser, je ne le lui avais pas dit pour ne pas lui donner de faux espoirs.

Après j'ai annoncé ça à ma mère qui était là cet après-midi pour attendre avec moi (j'avais congé et c'est dur d'attendre sans avoir rien à faire). Elle a appelé mon père et moi j'ai appelé la clinique. J'attends la suite des instructions. 

J'essaie de trouver un équilibre entre la joie (putain, ça a marché, quand même!) et l'inquiétude qui ne me lâchera pas avant... le prochain test déjà jamais. Difficile de sauter de joie après tous ces doutes, c'est pas une explosion, plutôt un coup de massue ou une impression de léviter... je suis dans le coton...

Merci les filles pour vos messages, pour avoir pris de mes nouvelles et m'avoir rassurée. J'espère que tout bientôt d'autres tests positifs s'annonceront dans la blogosphère. Je pense fort à vous, à toutes les annonces de tests négatifs, à toutes les annonces de grossesse qui nous mettent le moral dans les chaussettes... aujourd'hui c'est moi la salope pour qui ça a marché, j'ai de la peine à y croire et j'espère que vous pourrez prendre ça comme un bon présage...

dimanche 17 février 2013

Je suis malade, complètement malade...

Ou plutôt: je suis balade, comblèdement balade... 

Eh oui, le retour n'est pas des plus faciles: jeudi soir mal de tête abominable, vendredi toujours mal à la tête et grosse crise de nerfs pour une broutille, samedi idem. Samedi soir, rhume, maux de gorge et un peu de fièvre. Aujourd'hui: gros rhume, mal au ventre, à la gorge, mal partout en fait, boutons sur le visage... et super inquiète pour les trois flocons. Peuvent-ils s'accrocher dans ces conditions

Je m'en veux à mort de ne pas avoir su garder mon calme. Une fois de plus je me suis laissée dépasser par mes émotions et maintenant c'est le corps qui flanche. Je cherche des signes que je ne trouve pas, j'ai peur d'être responsable en cas d'échec. 

Bien sûr j'erre sur google à la recherche de réponses et j'en trouve, souvent rassurantes, parfois pas. Bien sûr il y a des filles qui ont été malades pendant la nidation et qui ont eu des jumeaux ensuite, bien sûr il y a des filles qui tombent enceintes naturellement et qui dans les deux premières semaines sont malades, picolent, fument, mangent n'importent quoi et se font des rails de coke. Mais l'expérience à montré que je ne suis pas ce genre de fille. Chez moi la grossesse est fragile autant qu'elle est désirée. Alors pourquoi? Pourquoi suis-je une hystérique pathologique qui ne peut pas s'angoisser sans péter un plomb? Pourquoi faut-il que j'attrape maintenant le rhume alors que je ne suis jamais malade? Comment dites-vous? Ah, je somatise... NON?! pas du tout mon genre! 

La question de savoir si les embryons se font la malle quand on va faire pipi semble résolue, mais il s'agirait désormais de déterminer s'ils s'accrochent même quand on: 
  • s'arrache les cheveux en pleurant 
  • se mouche à la elephant style toutes les 5 minutes
  • a de la fièvre
  • ne sent rien du tout
  • n'a pas écouté le CD d'hypnose deux jours de suite (je jure que je m'y remets dans l'heure)
  • s'engueule avec l'hôtesse de l'air
  • envoie balader son mari qui finalement n'y est pour rien 
  • y pense tout le temps 
  • ...
En gros: panique à bord mesdames. Alors si vous tenez un témoignage hyper rassurant du style la fiveuse qui a eu une grippe, a fait un combat de catch et n'a eu aucun symptômes après son TEC et qui a quand même eu un/deux/trois enfants en bonne santé, alors je suis preneuse! 

Et si ça marche, promis, je ne serai plus méchante avec mon mari ni avec aucune hôtesse de l'air. Enfin, je promets que j'essaierai. 

vendredi 15 février 2013

3e voyage à Barcelone

Pré-TEC

Quand je me suis levée le 11 février et que j'ai vu que la neige qui avait commencé à tomber la veille avait continué son oeuvre, je ne me suis pas trop inquiétée parce que j'avais lu un article tout à fait rassurant qui précisait bien que l'aéroport était prêt à affronter des hivers bien pires. 

J'ai donc trouvé ça terriblement beau, j'ai chaussé mes plus belles bottes de neige et suis allée me balader, émerveillée.

Quand je regarde cette photo je me
 dis que j'aurais quand même 
dû me douter que ça allait mal tourner!

De temps en temps, j'allais quand même sur le site de l'aéroport et à un moment un cadre rouge est apparu à l'écran: en raison du retard pris le matin pour déneiger le tarmac (3 heures), certains vols ne partaient pas, il fallait consulter notre compagnie d'aviation. Quand ta compagnie d'aviation est une compagnie lowcost, cette même compagnie qui t'a fait rentrer de Berlin en 36 heures... tu commences à t'inquiéter, quand même. Mais nous étions chanceux: notre vol était toujours annoncé. 

On est quand même partis relativement tôt de la maison parce que les bus étaient aussi perturbés. J'ai bravement porté ma valise à bouts de bras en enjambant le montagnes de neige qui nous séparaient de l'arrêt de bus et ai attendu patiemment, les pieds mouillés mais pleine d'espoir quand même. 

La clinique a appelé pour me demander si c'était toujours bon pour le TEC du lendemain, s'ils pouvaient bien procéder à la décongélation. J'ai dis oui, parce que j'y croyais moi à ce vol! Un bus est arrivé, on est partis. Tout allait plutôt pas mal.  

Alors qu'on était en route on a reçu un SMS de la compagnie qui nous annonçait l'annulation du vol. Heureusement mon mari a pu réserver un vol pour le soir, mais rien n'était certain encore quant à son départ. Là, je me suis mise à pleurer, j'avoue. Je ne savais pas s'il fallait appeler la clinique pour retarder la décongélation mais mon mari était sûr qu'on y arriverait: au pire, on aurait pris la voiture. 

On est rentrés à la maison et j'ai pleurniché devant "Toute une histoire" en écoutant des témoignages de parents qui avaient perdu un enfant. Ambiance. 

Finalement donc nous sommes repartis pour l'aéroport et la dame nous a dit que s'il ne se remettait pas à neiger, on partirait. On a mangé un morceau et acheté des revues. Quand on est arrivés à la porte d'embarquement, il y avait une splendide baie vitrée et derrière: la NEIGE qui tombait à nouveau à gros flocons! Bref, on a quand même embarqué, on est arrivés tard mais à temps! 

TEC 

Cette fois, j'ai moins bu (moins d'un litre) et nous sommes allés à la clinique en taxi. Je suis donc arrivée dans un bien meilleur état que la dernière fois. Je pensais boire encore un peu dans la salle d'attente (équipée d'une machine à café et d'une fontaine à eau).
Assez vite une infirmière est venue nous chercher, on a laissé nos cafés fumants et elle nous a menés dans la petite pièce où tu te prépares avant les transferts et où tu te reposes après

 
On a enfilé chaussons, tenues et charlottes et on a attendu qu'on vienne nous en dire plus. En même temps, on était déjà bien rassurés parce qu'on se disait qu'ils ne nous auraient pas fait mettre la tenue si la décongélation avait foiré. 

Le biologiste et la traductrice sont venus nous exposer la situation: les trois embryons avaient supporté la décongélation (100% bordel!). Ils étaient tous les trois aptes à s'implanter (théoriquement). Alors on a réfléchi un peu: au départ on ne voulait pas dépasser les deux embryons par tentative. Mais recongeler l'un des trois signifiait aussi qu'on pouvait le perdre... Au mieux on serait revenus pour transférer un seul embryon, et comme ça a déjà raté avec deux... J'ai demandé les chiffres: la biologiste a dit qu'en cas de réussite de l'implantation, la probabilité d'avoir trois bébés était de 5%. Finalement, on a décidé de tenter et de transférer les trois. 

Ensuite on a rejoint la salle pour le TEC avec l'infirmière. Le médecin s'est présenté et je me suis installée. Pendant tout le temps du transfert il me disait: "vous voyez madame, regardez, vous voyez, c'est très djoli..." et ensuite avec mon mari on s'est bien marrés en pensant que c'était surement le genre à répéter: "tu la sens, hein, tu la sens" quand il fait des bébés l'amour. A part ça, je l'ai trouvé assez touchant et vraiment gentil. Très préoccupé de moi, de comment je me sentais... 
 
Post-TEC 

On a pu retourner ensuite dans la petite salle et j'ai pu faire pipi (c'est donc le 2e médecin qui m'y autorise et je peux donc assurer que oui, on peut aller aux toilettes après un transfert). Je me suis installée sur le fauteuil et j'ai écouté le CD d'hypnose. Après environ une demi-heure, on a pris un taxi et on est rentrés larver à l'hôtel. 

Ensuite, 24h de repos complet, comme recommandé par le docteur. Ensuite on a quand même à nouveau profité de Barcelone mais un peu au ralenti quand même. Quelques balades, achats, bons repas... pas d'ascension de la cathédrale ou autres exploits touristiques. J'ai adoré Barceloneta.

Un équilibre précaire qui symbolise un peu mon état du moment.


Après, et bien il a fallu rentrer...
Petite altercation avec une hôtesse de notre compagnie d'aviation adorée qui voulait que je mette mon bagage en soute. Je ne voulais pas car j'avais les médicaments dedans et avais trop peur que la valise se perde. Je me suis accrochée à ma valise avec une énergie folle et tout à coup suis devenue quasiment bilingue pour parlementer: et elle n'a pas pris ma valise. Faut pas m'emmerder quand je reviens de mon TEC! 


Voilà, c'était notre troisième voyage, je reviens avec trois raisons supplémentaires d'espérer, j'espère avoir gagné en zénitude et affronter les résultats plus sereinement que la dernière fois.