mardi 23 avril 2013

Comment j'ai fini par y croire

Les filles, je suis devenue une vraie pregnant bitch: un mois sans message... genre comme si j'avais totalement oublié l'existence du blog et celle des copines. En fait pas du tout, je suis venue tous les jours, j'ai suivi vos posts positifs et ceux plus tristes, les bonnes nouvelles, les mauvaises, l'attente, l'espoir, les médics, les protocoles, les docteurs, les pauses, les échos... même enceinte tout cela reste bien sûr au centre de mes pensées. On ne passe pas directement de l'autre côté de la barrière qui nous sépare des fertiles. 

Pendant un mois je n'ai pas écrit et vous savez pourquoi? Je ne savais pas quoi dire. D'un côté les médecins m'avaient dit que j'étais enceinte, j'avais des seins d'actrice porno et rien d'inquiétant ne venait mettre ma grossesse en doute. D'un autre côté, j'allais trop bien: pas de fatigue excessive, plus mal au ventre, pas de nausées, pas d'envies folles niveau bouffe, pas de dégoûts, pas de maux de tête, pas de prise de poids... j'avais mal aux seins et le ventre un peu tendu mais je me disais que ça pouvait bien être l'utrogestan. Bref, je me disais que la grossesse avait arrêté d'évoluer. J'y croyais vraiment. J'avais presque fait une croix sur cette tentative-là et je me disais, en allant à l'écho du 1er trimestre, qu'il fallait que je sois forte, que ça marcherait une autre fois et qu'il faudrait surtout que je console mon chéri parce que lui, au contraire, semblait y croire avec une sincérité qui me désarmait. 

Alors on est allé à l'écho. Le médecin m'a fait m'installer et m'a demandé comme j'allais. Je lui ai dit "très bien, peut-être trop, c'en est presque inquiétant". Il m'a dit que certaines ne sentaient rien et il a très vite commencé son observation. Devant nous il y avait un grand écran, un peu comme en Espagne, et on pouvait voir sans se tordre le cou. En quelques secondes, on l'a vu. Quelques secondes plus tard, on l'a entendu. Son coeur. Et en quelques secondes j'ai réalisé que j'étais enceinte, pour de vrai. Que les minutes qui suivraient ne seraient finalement pas consacrées à l'organisation de mon curetage. J'ai fait le grand écart entre mes angoisses d'infertile et mes rêves de bébé, projetés en grand en face de moi. J'ai eu la preuve. C'est devenu réel et j'étais complètement sonnée. 

Le médecin a trouvé tout parfait. Comme on est en PMA, quand même, il a fallu qu'il fasse la gaffe rituelle: alors qu'on lui a dit que c'était un don d'ovocytes il me demande "la stimulation et la ponction se sont bien passées?" je lui dis que je n'ai pas été ponctionnée... Mais bon, je lui pardonne, c'est le mec qui m'a fait écouter le coeur de mon bébé quand même. Après l'écho il m'a dit: "vous voyez, c'est possible d'être enceinte sans nausées, mais quand les autres vous demandent, surtout ne leur dites pas, dites que vous avez au moins un peu de peine le matin et on vous fichera la paix!" C'est fou comme les médecins semblent plus sympas et plus bavards quand tout va bien. 

Ensuite je suis allée faire une prise de sang et puis on est parti faire des courses. Alors j'ai pu acheter mes premiers vêtements de grossesse: deux petites robes et deux collants. Les autres commençaient à me serrer un peu à la taille, et puis le lendemain: j'ai un ventre de femme enceinte qui est sorti, totalement décomplexé. Maintenant je le cache encore, parce que j'attends les résultats de la prise de sang pour faire mon coming out, mais je suis de moins en moins crédible... hier une collègue me demandait avec un énorme sourire si j'avais mal au ventre... 

A quatre jours de l'échographie, il est facile de faire la maligne. Il faut maintenant attendre jusqu'à mi-juin pour la prochaine écho, pour avoir une nouvelle preuve et peut-être que je vais me remettre à douter... on verra. Pour l'instant, j'attends avec impatience le moment de l'annoncer. Ce sera encore plus réel. 

Je pense fort à vous toutes qui vous battez tous les jours pour vivre ces moments-là et je vous les souhaite de tout coeur. J'espère que je ne suis pas juste une nouvelle salope enceinte qui pourrit votre journée mais plutôt la preuve que ça marche et que ça vaut la peine de s'accrocher. Je vous souhaite de monter dans le train et qu'il vous amène à destination. Des bises et du courage à toutes.